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Through the thick and thin
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27 juin 2011

Héros(dés)

Ou la vie dont vous seriez le héros. Munissez-vous d'une paire de dés –non pipés-, d'un crayon –bien tailllé[1]- et d'une bonne dose de chance –aléatoire-.

Chapitre 1:

Vous êtes à un âge indéterminé mais assez avancé pour avoir déjà commencé à vous poser des questions sur l'avenir? Cet âge oscille entre 30 et 40 ans, et renferme peu ou prou les mêmes interrogations existentielles. Vous avez un métier depuis quelques années. Vous vivez dans une ville de province, somme toute, agréable. Vous subissez 'la crise' économique depuis quelques temps. Vous subissez 'la crise' sexuelle depuis que vous êtes né. Vous subissez 'la crise' politique depuis bien trop longtemps. Vous subissez 'la crise' climatique depuis 2003. Vous avez déjà un enfant, allez directement au chapitre 3.

Sinon, lancez-les dés.

 Chapitre 2:

Vous avez fait entre 1 et 6 -ce qui est un score minable en passant-: Vous voilà à la croisée des chemins. Simplement muni de votre (heart)beat et de votre couteau, vous commencez à vous faire sérieusement chier dans un travail dont vous avez un peu fait le tour, vous avez accumulé les formations, usé vos jeans sur les marches de la fac, appris des tas de trucs et en même temps, rien. Votre formation a été 'mais trop intéressante, je te jure, c'est dingue le nombre de trucs qu'on apprend, c'est une découverte perpétuelle!' mais en même temps ne vous a pas mené là où vous auriez voulu. Mais là où vous vouliez, c'est où en fait?

Fort d'une expérience amoureuse chaotique mais riche –si, si, mais si elle était riche rhoo là là..- vous n'en êtes pas moins ni plus que là où vous étiez dans la préface. Attention, vous rencontrez soudain un beau jeune homme qui a l'air bien sous tous rapports, mais c'est en fait un orque déguisé en elfe pédé du seigneur des Anneaux. Vous avez le choix des larmes, de l'arme blanche ou des insultes. Prenez votre crayon et comptez les points sur la feuille blanche dont vous vous êtes munie après avoir, une nouvelle fois, jeté les dés –ou l'éponge-.

Vous avez fait 3, vous êtes un gros nase qui chiale sa mère sur votre amour perdu. Vous perdez 50% de vos points d'énergie. Attention, la route n'est pas finie et vous voilà bien affaibli. Si vous choisissez de vous enterrer dans la dépression Barbaresque, rendez-vous au chapitre 4. Si vous choisissez d'afficher sur votre frigo 'Tout ce qui ne tue pas rend plus fort', rendez-vous au chapitre 5.

Chapitre 3:

Malgré le poids du monde qui va 'à vau-l'eau, oh oui!', vous relativisez quelque peu vos problèmes existentiels amoureux et/ ou professionnels car vous avez un 'ptit bout d'cul trop chou' à nourrir. Son simple sourire au réveil –pour ceux qui ont la chance de ne pas avoir la gueule- efface tous les tourments de vos amours passées, et à travers lui, c'est un peu son père aussi que vous voyez. Si vous êtes restés en bons termes avec votre ex, allez directement au chapitre 6. Si au contraire vous vous foutez sur la gueule dès qu'il s'agit de partager les frais de la cantine ou de payer la classe verte en Auvergne, rendez-vous au chapitre 7.

 Chapitre 4:

Vous voilà au milieu de votre appartement en train d'écouter en boucle 'Non je n'ai rien oublié' et/ ou 'Ma plus belle histoire d'amour c'est vous' et/ ou 'Pink Moon'. Vous n'en menez pas plus large que le canal de Panama, vous vous dites que de toutes façons tout est votre faute, comme quand papa et maman se sont séparés, que vous êtes nulle, moche et pas drôle. Et vous avez raison car vous commencez à être chiante à parler tout le temps de lui. On a juste envie de vous dire que c’était un gros connard et de clore le chapitre. Mais personne ne vous le dit vraiment. Pour ne pas vous faire de peine. C’est à dire encore plus de peine si c’était possible. Mais ça peut pas être pire parce que vous êtes déjà tellement au fond du trou que vous ne voyez même plus le trou. Alors qu’il aurait suffit que vous voyiez au moins le seul trou qu’il eut fallu remarquer : le gros trou du cul qui vient de vous larguer. Vous êtes foutue à l’intérieur comme une belle cacahuète qu’on ouvre et qu’est toute blette. Et le suivant, s’il y a, paiera pour les autres. Vous avez perdu tous vos points de vitalité. Game Over

 Chapitre 5 :

Après avoir tout de même écumé tous les singles qui vous rappellent cette ‘meeerveilleuse histoire d’amour’ et pas trop saoulé vos amis – ou comme ils sont sympas, ils ne vous l’ont pas dit - vous décidez de reprendre du poil de la teub – principe valable pour les filles et les gays - et de vous étourdir dans des fêtes, sorties et autres challenges amoureux. Vous repérez un petit mignon qui traîne dans le coin où vous travaillez et qui vous a souri. Et comme vous n’avez pas trop de temps à perdre et un peu de solitude à combler, vous décidez de prendre les choses en main. Vous le contactez par des moyens technologiques avancés. Lancez les dés, pour voir ce que cela donne.

Vous faites entre 9 et 12 : forte de ce score maximale et armée d’une volonté à toute épreuve pas loin du harcèlement, le gentil jeune homme finit par vous répondre. Mi-intéressé mais marié, il continue cependant de vous sourire. Si vous décidez de continuer à alimenter cette histoire qui s’annonce foireuse, allez au chapitre 8. Si vous décidez sagement d’en rester là, allez au chapitre 9.

 Chapitre 6 :

Votre enfant pousse à vue d’œil et ‘oh mon Dieu comme le temps passe vite, les enfants on ne les voit vraiment pas grandir’. Le fruit de votre amour qui n’est plus, ou qui n’est pas complètement, ou qui est en train de se transformer, ou qu’on sait pas trop ce que c’est mais ça nous saoule un peu à la fin de se demander ; le fruit de votre amour donc, vous fait relativiser la plupart du temps votre échec amoureux et vous force à vous concentrer sur autre chose comme des œufs au plat avec des pommes dauphines, des bayblades, des sorties au Bocasse ou encore des crises de nerfs. Le protagoniste du chapitre 4 vous aura envié parfois, dans une crise dépressive, de pouvoir supporter la rupture avec plus de recul en voyant ce petit être suer sang et eau parce qu’il remonte le toboggan à l’envers. Bien sûr comme vous êtes des parents modernes et que vous alternez la garde dans une relative bonne entente, les moments de solitude reviennent régulièrement en semaine 1, 3 et 5 et le blues du (bruit) blanc vous assaille encore parfois. Vous avez quitté le chemin tout tracé pour un autre plus hasardeux. Lancez maintenant les dés.

Vous avez fait 11 : vous êtes encore dans la fleur de l’âge et de la maturité sexuelle, vous n’avez plus de névrose liée à votre désir d’enfant puisque vous en avez déjà ; vos parents sont toujours ravis de vous débarrasser du mioche quand vous en avez besoin. Vous avez un week-end sur deux de libre, voire une semaine entière. A vous les apéros d’été, les œillades aux jeunes de 25 ans, les targets pères d’enfants. Vous arrivez dans un sous-bois, il y a un festival de spectacles et d’art de la rue. Et une pelletée de mioches sur les épaules de leur père, si ça se trouve, célibataires eux aussi. Vous décidez de rester. Jusqu’à la fin du conte, happily ever after. Fin

 Chapitre 7 :

Tout ce qu’il peut dire sur vous n’est rien à côté du sourire qu’il vous tend. Votre enfant, votre bataille. Justement, vous croisez votre ex au sujet de la déclaration d’impôts et des parts à attribuer à chacun. Prenez un crayon et comptez les points sur une feuille blanche. Lancez les dés. Vous avez le choix des larmes, des vieux dossiers qu’on ressort ou des insultes car la communication est impossible. Vous faites un 7. Vous choisissez les vieux dossiers ; ça finit par des insultes ; et par des larmes. Vous ou bien lui commencez à boire. Tout le monde s’en mêle, s’emmêle, c’est la bérézina. Les années passent, et les rencontres aussi. Vous culpabilisez pour vos enfants car vous avez peur d’en avoir fait des névrosés. Rassurez-vous, il suffit simplement d’avoir un père et une mère pour être névrosé. Le temps tasse les choses. Vous reprenez des relations normales avec votre ex. Parfois même vous vous remettez avec lui. Vous avez perdu 50% de vitalité mais vous êtes encore vaillante. Vous pardonnez mais vous n’oubliez pas ; écrit sur le frigo, aussi… Fin

 Chapitre 8 :

Malgré les conseils avisés que vous avez glanés en activant votre réseau, vous décrivant un portrait peu flatteur du fumeur de clopes qui vous sourit, vous décidez d’en rajouter une couche voire plusieurs. A force de persuasion et du peu d’orgueil qui vous reste dans cette histoire, vous arrivez à fumer une clope avec lui. La bataille commence. Prenez une feuille et un crayon. Vous avez le choix des armes : ‘et sinon tu fais quoi au département de chirurgie?’ ou ‘est-ce que tu as un animal familier ?’ ou bien ‘ça vient d’où ton nom dans le monde ?’ Lancez les dés. Vous faites un 10. Vous vous déchirez en posant la première question et vous passez pour une débile. L’assurance du mec n’a d’égal que votre propre gauchitude. Vous n’arrivez même pas à placer une blague. La clope est finie. La magie absente. Vous rentrez tranquillement dans votre bureau checker vos e-mails et refaire votre CV. Vous appelez une copine. Vous dites ‘tu sais pas ce qu’il m’a dit ??’ Vous avez 15 ans alors qu’en vrai, bientôt 33. Vous êtes dépitée de ce non-événement. Vous auriez mieux fait d’écouter vos amis, alors que vous ne le faites pas très souvent. Vous reprenez votre chemin, avec votre (heart)beat et votre couteau, mieux aiguisé cette fois. Fin

 Chapitre 9 :

Du fin fond de votre morale judéo-chrétienne non nourrie, mais tout de même tapie dans l’ombre, vous décidez que vous n’allez pas continuer à correspondre avec quelqu’un qui n’est pas disponible, tout super beau qu’il soit.

Vous auriez bien aimé discuter de ce roman franco-libanais avec lui mais vous soupçonnez qu’il ne sera pas très réceptif à ce genre de conversations, sur la foi d’une expression qu’il a lâchée quelques jours plus tôt : un ‘trop chou’ qui aurait fait dire à n’importe qui qu’il était soit gay, soit muni d’un bébé en bas âge. Dans les deux cas, rien n’était possible. Vous avez pris la bonne décision, vous vous en félicitez. Vous apprenez de vos erreurs. Vous faites contre mauvaise fortune bon cœur. Vous ménagez votre monture pour voyager loin. Vous êtes dotée d’un optimisme à toute épreuve. Vous tirez le positif de chaque situation. Vous êtes pleine de ressources et toujours de bonne humeur. Vous savez vous protéger. Vous voyez toujours le verre à moitié plein. Vos points de vitalité sont à bloc. Vers le 12 août, Jupiter en Poisson vous fera espérer le meilleur si vous êtes née autour du 26. Votre vie sera sans nuages. Amen. Fin (la plus improbable)

 [1] Blague grave'lol'

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